42 kilomètres autour du Lac d'Allos



En ce mois de juillet, il fait particulièrement chaud dans les Alpes du Sud. Jamais moins de 30° chez nous dans la journée : il devient difficile de faire du sport...
Mon Dodefondo mensuel (le 4ème, c'est 42 km à pied ou 200 km en vélo) est plusieurs fois repoussé et c'est in extremis que je programme une rando-course le 31 juillet. Pour être moins exposée à la chaleur, je cherche un itinéraire le plus en hauteur possible : ce sera le Lac d'Allos. J'y suis allée plusieurs fois et dernièrement dans l'équipe encadrante des étudiants de Génie Biologique en sortie d'étude botanique. Il est facile de tracer un parcours de 42 km en prolongement de celui fait avec les étudiants : Clignon- Col de l'Encombrette- Lac d'Allos- Col de Lausson - Col de la Cayolle (j'indique à Mark qu'il peut me retrouver là s'il veut : "Non, non je n'ai pas prévu de faire le circuit des 3 cols en vélo") - Col de Petite Cayolle - retour Lac d'Allos et descente sur Allos où je dois récupérer la voiture.

Le dimanche soir, nous partons avec Mark pour Clignon juste après Colmars-les-Alpes pour passer confortablement la nuit dans notre KangooLotus garée au parking du départ. Mark a prévu une journée cool à vélo avec la grimpée du col d'Allos réservée aux cyclistes comme tous les lundis, suivie de la descente sur Saint-André où je suis censée le récupérer après ma ballade.

Les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu : un petit mélange bien à nous d'imprécision et de changements d'avis inopinés...


Lundi matin 6h15,  j'ouvre un œil et je suis aussitôt debout dans mes baskets, mes bâtons dans une main et mon petit déjeuner dans l'autre pour commencer à monter vers le Pas de l'Echelle, puis le  Col de l'Encombrette. Il fait 11 degrés, la montée est fraiche et tranquille.
Le soleil n'a pas encore inondé de ses ardents rayons la forêt tranquille

En montant, j'entends un drôle de gazouillement métallique : 5 écureuils se font une course folle d'arbre en arbre




Et voici mon premier chamois que j'observe dans la barre rocheuse face au Pas de l'Echelle


Je regarde derrière moi : c'est le Pas de l'Echelle que je viens de franchir
L'un des lacs de l'Encombrette où les étudiants se sont baignés en juin

Encore quelques mètres et c'est le col de l'Encombrette qui ouvre sur le domaine d'Allos



Les trois tours du Lac d'Allos

Un berger et son troupeau juste avant d'arriver au lac.

Le Lac d'Allos est une randonnée facile et très prisée des familles. C'est le plus grand lac naturel d'altitude d'Europe à 2200 mètres, le parking permet de s'en approcher jusqu'à 1900 mètres et c'est le ravissement pour les randonneurs à la recherche de marmottes et de chamois qui se montrent volontiers.

Le lac sous les trois tours
Juste après le lac, je vois ce petit cul blanc très reconnaissable...


Mon deuxième chamois m'attend tranquillement pour la photo : ici les animaux ne craignent pas la compagnie humaine...

Et c'est ici que les incertitudes commencent. J'ai 14 km sur mon GPS, j'ai estimé que pour avoir les 42 km qui valident mon Dodefondo, je dois faire le tour du Lac d'Allos : je m'approche du sentier long de 3,5 km, mais je n'ai pas envie de m'y lancer car c'est tout plat : je préfère monter. Je fais demi-tour en direction du Pas de Lausson à 2600 mètres.

Dans la montée du Col du Lausson, en se retournant on voit le mont Pelat à 3000 mètres. Il y a des années, Mark et moi y étions montés en fin d'après-midi en aout et avions dormi à la belle étoile : le matin notre bouteille d'eau était gelée !

Panorama du Lac d'Allos depuis la montée du Col Lausson

Arrivée au col, il y a plein de monde mais je ne trouve pas mon sentier vers le col de Cayolle. Je ne cherche pas plus et je me dis que le col de Petite Cayolle directement sera aussi bien. Je continue donc tout droit et on verra plus tard pour les kilomètres qui manqueraient...

Le col de Petite Cayolle 2639m

Quand j'arrive à ce col extraordinaire, entaille entre des murailles de pierre, je jette en coup d'oeil de l'autre côté et Oh surprise ! on voit nettement le refuge de Cayolle, le col du même nom et la route que j'ai prise tant de fois en vélo. Le paysage est magnifique avec un raidillon pour y descendre et une grande vasque herbeuse avec de petits lacs : OK j'y vais et je prendrai le même chemin au retour.

Au loin le col de la Cayolle, photo prise du col de la Petite Cayolle


Arrivée au Col de la Cayolle, il y a quelques cyclistes et le refuge est 500 mètres plus bas. J'avais prévu d'aller y prendre de l'eau mais la distance me dissuade. Je ferai de l'eau plus tard. Je repère deux voitures garées cherchant à m'abriter pour aller au petit coin, et là ... qu'est ce que je vois ? Un cycliste en bleu qui arrive juste dans les 50 derniers mètres du col et qui me fait un geste...

"Mark ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? Qu'est-ce que tu fais là ?" Je répète car il ne me répond pas... sauf  "Donne-moi vite à manger, j'ai une fringale depuis 8 km...". Je m'exécute, je connais les fringales de Mark : mortelles. Je ne reviens pas de ma surprise : avec tous les arrêts photos, les discussions avec des gens, mes changements d'itinéraire... je tombe sur lui au moment où je n'aurais pas dû être là ... et lui non plus !

De son côté, Mark avait donc monté le col d'Allos en vélo comme prévu, "mais c'était si bien et si calme que je suis redescendu de l'autre côté avec l'intention de remonter pour faire un double Allos. Arrivé à Uvernet, un peu avant Barcelonnette, j'ai constaté l'oubli de mon téléphone dans la voiture, ce qui mettait en péril la récup du soir. Et si tu avais besoin de me joindre ? Alors j'ai décidé de monter le col de Cayolle bien que je n'ai rien à manger sur moi pour tenir si longtemps. Je me suis dit que j'avais une minuscule chance de tomber sur toi pour te dire que je n'avais pas mon téléphone. Mais je l'ai fais quand même, tout en sachant qu'après il y aurait le Col des Champs pour retourner à la voiture" (soit 112 km et 3350 m de D+)...

Et voilà comment on s'est retrouvés tous les deux dans le col de Cayolle, vers 12h15, lundi, sans l'avoir prévu et après mille arrêts et changements d'avis sur nos itinéraires respectifs qui auraient rendu tout rendez-vous forcément manqué.

C'est un moment d'intimité que je partage ici avec vous : ce n'est pas la première fois que Mark et moi avons ce type de rencontres inopinées, impossibles à programmer, imprévues et improbables. C'est comme du magnétisme qui dirigerait nos actions à notre insu... Restons cartésiens et savourons notre heureuse rencontre d'aujourd'hui et disons qu'elle est dictée par l'amour.



Remis de nos émotions, nous repartons chacun de notre côté : je suis à mi-parcours et je dois remonter le col de Lausson (encore un changement d'avis sur le parcours initial ... vous suivez ?). Très belle remontée ponctuée d'arrêts et de bavardages divers avec des gens que j'avais déjà croisés sur l'un des sentiers d'Allos.



Quand j'arrive pour la seconde fois au col du Lausson, je comprends la source de mon erreur initiale. Je n'ai pas trouvé mon sentier car quelqu'un était appuyé contre le panneau ! Je retiens la leçon : se méfier des gens qui s'appuient sur des panneaux indicateurs.

Le col du Lausson

Je redescends rapidement vers le lac et le refuge d'Allos. Mon compte en kilomètres est bon : j'en ai déjà 32, j'ai donc bien fait de ne pas faire le tour du Lac d'Allos qui m'aurait fatigué inutilement car j'en ai déjà plein les pattes.

Le sentier qui descend du Lac au Village d'Allos est l'un des plus beaux que je connaisse




Ma balade d'achève au village d'Allos où je retrouve finalement Mark arrivé 30 minutes avant moi.
Bilan: Dodefondo n°4 accompli et validé. 42,7 km et 2010 mètres de dénivelé positif en 9h30. J'ai particulièrement apprécié ce rythme libre : je marche en montée, je trottine en descente. 
Ma trace est sur Strava


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