Défi Monte Cristo 2014

Message d'encouragement de Mark
J'aime nager
J'ai toujours placé la natation comme le sport qui m'apporte le plus de plaisir : on n'a jamais mal en nageant, on est léger et on progresse dans un mouvement harmonieux et gracieux. J'apprécie la parfaite solitude du nageur, les pensées intérieures et les 5 sens très développés : les yeux écarquillés derrière les lunettes, le glou-glou régulier, la caresse de l'eau, le nez et la bouche en immersion, et des odeurs ! Les odeurs flottent au ras de l'eau, et lors de l'inspiration profonde, elles sont très nettes : je me rappelle m'être pris une goulée incongrue de croissant chaud flottant sur le plan d'eau du triathlon d'Embrun ! 
Photo Alex Barnab Boyer


J'aime être dans le bleu, je pense que si l'eau était blanche, ou marron, j'aimerais moins nager. Rien de mieux que se baigner dans le turquoise en piscine, ou dans le bleu profond de certaines eaux magnifiques. Je garde des souvenirs très forts de liberté et d'exaltation à Nice, à Lanzarote, dans le lac d'Orta (Italie), et en Guadeloupe. D'autres eaux reflètent des cieux moins bleus, comme celles, calmes et métalliques, des lacs de Finlande où j'ai adoré nager, et celles sombres d'Ecosse où j'ai eu si peur.

Je m'enduis de crème anti-frottement : la combinaison râpe le cou, c'est très douloureux avec l'eau de mer
J'aime la répétition des mouvements à l'infini et quand je suis dans un bon rythme, il devient très naturel de nager le crawl, mon coeur bat lentement, je vais doucement, je peux nager comme je marche. La profondeur de la respiration, la coordination des mouvements, le glou-glou si agréable aux oreilles...

Mais j'ai toujours des petits moments de panique quand l'eau est profonde et que mon esprit vagabonde. Je sursaute au moindre poisson, débris, ou algue qui me frôle... J'évite rigoureusement tout ce qui enrichit mon imaginaire prolifique : séries télé, films catastrophe et images en 3 D de double rangées aiguisées. Sans parler de ma peur de me perdre : c'est valable pour tous mes sports et quiconque a déjà mesuré mon sens de l'orientation me prend au sérieux !

Le Défi
C'est en 2012 que j'ai décidé de m'inscrire au Défi Monte-Cristo : 5 km de natation avec ou sans palmes entre le Château d'If et la plage du Prado à Marseille. A l'époque, il était difficile d'avoir une place : limitée à  700 places au total pour les 2 catégories, le serveur  de l'épreuve ouvrait à 1h du matin et tout était parti en 15 mn. Je me rappelle avoir mis mon réveil et avoir sauté de joie quand j'ai eu une place pour l'édition 2013.
En juin 2013, le mistral a soufflé trop fort et la course a été annulée (des creux de 2 m !). Franchement, je m'en suis réjouie car j'avais vraiment la trouille... Le règlement a changé depuis et la capacité a été doublée pour la 16ème édition.

Juin 2014 : mon défi !
Après l'annulation de 2013, j'ai conservé et reporté ma place pour 2014. Sidonie et moi partons à 6h de la maison, direction le Prado à Marseille. Je suis vraiment inquiète et 2 jours avant j'étais encore sur le point d'annuler pour différentes raisons, liées à la peur bien entendu, mais aussi à une grosse fatigue après un printemps sportif très chargé.
au départ du Chateau d'If (Photo Alex Barbab Boyer)
Arrivées au Prado, nous nous installons dans ce beau village de tentes planté sur la plage. Après les formalités légères (un certificat médical suffit), je commence à me préparer. Il est 8h30 et le soleil tape déjà fort. Je bois beaucoup et je mange un morceau. 
Nous sommes 500 nageurs engagés sur le défi avec palmes (le sans palmes est organisé le lendemain). Beaucoup nagent avec masque et tuba et certains ont des palmes immenses et très rigides : il faut une sacré habitude pour propulser ces engins, ça tire sur les tendons et les genoux. Il y a aussi beaucoup de monopalmes, et même des modèles en carbone ! Mes palmes sont de taille moyenne et surtout elles sont très souples : je ménage mes articulations et j'ai pas envie de me faire une tendinite !

Les 3 bateaux se présentent sur la digue de rocher et je monte dans le premier. Dans le bateau, ça blague beaucoup, l'ambiance est très sympa, ces gens-là sont rarement compétiteurs, plutôt des nageurs du plaisir, comme moi. Le paysage est magnifique et nous voguons 20 mn sur un mer d'huile avant le débarquement sur le quai de  l'île d'If dont l'histoire est passionnante ! Certains ont des chaussons de natation et partent visiter le chateau. Je suis pieds nus et je reste en bas, à l'ombre. J'ai amené une boisson d'attente et une barre de céréales. Nous restons une heure ici car après l'arrivée du 2ème bateau, le 3ème se fait attendre... 

Le départ se fera d'une ligne imaginaire entre 2 bouées et je préfère, plutôt que de sauter du quai, entrer dans l'eau par le côté dans les rochers. L'eau est à 20 degrés, idéale ! Je barbote encore une vingtaine de minutes : les fonds sont clairs, sable, turquoise, algues, petits poissons.

Le départ est donné à 10h25 et ce n'est pas du tout la machine à laver que je redoutais, comme dans un départ de triathlon où on risque tout de suite de prendre des coups et de perdre ses lunettes.
Le premier cap est une grosse bouée orange puis il faut passer à droite du phare jusqu'à une bouée jaune.  Cette première partie,  la traversée du chenal maritime du port, m'inquiétait beaucoup. La circulation des bateaux est interrompue et beaucoup de bateaux de secours et canoés sont là pour nous encadrer. Ayant été dans l'eau bien avant le départ, je suis échauffée et je prends tout de suite un très bon rythme. Ma tête sort de l'eau tous les 4 mouvements, mes lunettes sont neuves et je sais que je n'aurai pas de buée. Un coup d'oeil face à moi : le cap est facile, c'est ND de la Garde. 

Nous virons à droite à la bouée jaune pour longer Marseille sur 4 km entre la terre et les îles, avec les bouées jaunes à droite. J'essaie d'avoir toujours un nageur dans mon champ de vision pour me guider, mais c'est de moins en moins facile, le peloton s'effiloche et je me repère aux bouées. La première heure se passe très bien, mais j'ai beaucoup de mal à évaluer la distance. L'eau est magnifique. D'un bleu profond, très propre. Je vois une belle méduse. Je me dis que j'ai beaucoup de chance de pouvoir nager là !
Ne sachant pas me situer, je me dis toujours que la plage est là et qu'à la prochaine bouée il faudra tourner à gauche. Et bien non... ça ne vient pas. J'avance puis m'arrête et regarde autour de moi : personne. Ayant vu une autre bouée au loin, je continue et m'arrête à nouveau. Je vois de temps en temps un nageur, loin de moi, je le rejoins, puis suis seule à nouveau...  J'essaie de trouver un repère dans le paysage : je vois des grues, de grands bâtiments, une grande roue, je pense que je m'approche mais... la dernière grande bouée n'est toujours pas là. 

Subitement un canoé à ma droite qui me parle et me remets dans la bonne direction. ça y est, la grande bouée est en vue. Mais soit j'ai un bras plus faible que l'autre, soit il y a du courant... j'ai beaucoup de mal à garder mon cap. Enfin je vois les tentes de l'arrivée. Mais c'est toujours pareil, je dévie, je dévie. Encore des bateaux qui viennent vers moi, cette fois on me siffle, et je change de cap à nouveau. Les derniers 500 m sont très difficiles : je suis fatiguée et je suis moins régulière dans mes mouvements. 

Photo Alex Barbab Boyer

Arrivée : je suis quelque part au fond
Enfin, je longe les boudins, je passe sous la ligne mais le bord est pentu, impossible de me lever avec mes palmes aux pieds, j'ai les bras en chewing gum, je reste allongée là aux pieds de Sido qui ne m'a pas reconnue, à plat ventre comme une baleine échouée... on m'enlève mes palmes et ma puce, on me relève ... Joie et émotions mêlées : ça y est, j'en suis venue à bout de ce défi et je mets du temps à réaliser, je suis vraiment très heureuse !

Résultat final : 1h42 mn, 403ème sur 494 au scratch


Commentaires

  1. Chapeau, Anne! ( ça te va drôlement bien les cheveux courts!)

    Denis (de Digne)

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  2. ah oui, je suis admirative !!! impossible pour moi qui stresse a dfond sur la nat d'un triathlon...

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