2012 : Mark sur le podium

Palmarès 2012 :
- 1er mondial toute catégorie de deltaplane (Online Contest Worldwide, sur le total des vols enregistrés : 41 vols)
- 1er à la Coupe fédérale française de distance de deltaplane, catégorie rigide et catégorie open
- 2ème en catégorie deltaplane rigide en Europe (Online Contest Worldwide sur un total des 6 meilleurs vols)
- 6ème en catégorie deltaplane rigide mondial (Online Contest Worldwide sur un total des 6 meilleurs vols)

Mark est d'un naturel très discret et il n'aime pas parler de lui,  mais au jeu des questions-réponses il est plus locace : 



Q : L'année 2012 a été pour toi une année de réussite en delta, mais tout n'a pas été facile...
R : Oui, c'est vrai que ça n'avait pas très bien commencé. 
J'ai acheté mon ATOS VR d'occasion en Allemagne en mars et j'ai eu droit à 1 heure d'explications en allemand avec traduction simultanée en mauvais anglais. Notre appareil photo qui devait nous permettre d'avoir les étapes du montage en images est tombé en panne après la 3ème photo... Bref, lors de ma première tentative de montage, dans un champ près de la maison début mars, ça n'a pas bien marché. J'ai abandonné, tout plié et je suis rentré après 1h30 de prise de tête et de frustration. Au deuxième essai, malgré le mode d'emploi enfin trouvé sur internet, il y a eu de la casse :  les deux carénages de bord d'attaque extérieur écrasés quand j'ai mis la voile sous tension et le carbone s'est fissuré. J'étais complètement désespéré et  j'ai eu 500 € de frais (heureusement pris en charge partiellement par l'assurance).  Deux semaines plus tard, les nouvelles pièces réceptionnées, c'est enfin le succès à la troisième tentative : mon ATOS VR est entièrement montée dans le champ de la Marmotte à Ribiers ! Et quelques jours après, premier vol à Laragne Chabre : tout va bien !

Mais la série des galères n'était pas terminée pour cette année : sur le décollage sud de Chabre, en plein mois de juillet, un manque d'attention et je casse une petite pièce métallique d'attache du trapèze à la quille. J'ai replié mon aile et suis redescendu avec la navette de Stella, la mort dans l'âme. En plus c'était une journée d'excellentes conditions, ainsi que les jours qui ont suivi. Le soir même, après une conversation téléphonique avec le fabricant A.I.R. (installé dans le sud de l'Allemagne), j'ai pris la décision de leur amener mon aile sans tarder plutôt que d'attendre des jours pour une livraison de pièces et ensuite trouver un technicien pour faire le montage. Bilan : 1700 km aller et retour en 3 jours, mais excellent accueil, service et réparation de la part d'A.I.R. 
D'un point de vue technique, avec plus de 50 vols effectués sur cette ATOS, je n'ai eu que de bons décollages et atterrissages et aucune autre casse sur les montages.

Q : On ne devient pas si bon par hasard, quels sont les moments forts de ton expérience ?
R : J'ai appris à voler en Grande Bretagne à 20 ans
. A l'époque, la ligue anglaise comptait parmi elle les meilleurs pilotes au monde et j'ai eu la chance d'être à bonne école. Il était impossible de briller à leurs côtés, mais j'ai appris beaucoup de choses et entouré par les meilleurs, j'ai pris un bon départ. Dans l'équipe nationale britannique, il était difficile de se faire sa place aux côtés de Robbie Whittle, John Pendy, Bruce Goldsmith, Michel Carnet, Perter Harvey, Judy Leyden, Jess Flyn et tant d'autres ! J'ai fini deux fois 2ème de la Coupe fédérale de distance, en 1987 et 1991. Les conditions de vol en Grande Bretagne ont ceci de particulier qu'elles sont souvent très moyennes, il est donc difficile de faire du cross et il faut beaucoup travailler pour être bon ! Alors après, quand tu voles dans un endroit où les conditions sont meilleures, ça paraît plus facile.

Q : Ton histoire avec la  France a commencé il y a longtemps...  
R : Mes premiers vols dans le sud-est de la France remontent à 1983, j'ai volé pour la première fois à Laragne, à Saint-André les Alpes et à Lachens ! Les pilotes de cette époque qui volent encore se font rares...et beaucoup se sont convertis au parapente.
Je me suis installé en France en 1994 et j'ai vécu dans le Tarn pendant des années et là encore, j'ai eu la chance d'être dans le même club que des pilotes exceptionnels comme Jean Souviron. J'ai appris beaucoup à son contact, c'est l'un des meilleurs pilotes de plaine du monde. J'ai été invité plusieurs années consécutives en Espagne pour voler avec Jean, son frère Gilles et d'autres excellents pilotes. Nous faisions du cross avec l'objectif de maximiser la journée en dehors de tout esprit de compétition : c'est l'esprit 100 % Souviron et ça me correspondait très bien. Je continue d'appliquer cette méthode : je donne le meilleur de moi-même sur une journée de vol. Pas question de me poser tôt l'après midi si je peux voler encore, c'est pourquoi je ne fais plus de compétitions. Atterrir à 3 heures de l'après-midi si les conditions sont bonnes, pour moi c'est une catastrophe, en comparaison à atterrir à 20h, vide et heureux !
encore en l'air après 20 heures en été !
Q : Et Laragne ?
R :  Je suis revenu régulièrement à Laragne pendant toutes ces années tant j'aimais les conditions de vol, mais aussi le paysage et le climat ! J'ai réussi à m'y installer en 2003. Globalement, j'ai plus d'expérience de vol en plaine qu'en montagne mais aujourd'hui je vole 100 % en montagne et uniquement dans de bonnes conditions. Voler en montagne est plus facile qu'en plaine si tu connais la bonne recette ! Il y a plus d'opportunités de se maintenir en l'air grâce aux thermiques et au relief. L'inconvénient est que les possibilités d'atterrissage étant plus limitées, le niveau de stress est plus haut. Je ne fais que du circuit, je n'ai pas volé en distance libre depuis plus de 10 ans !

Q : Tu aimes particulièrement voler dans les Alpes du Sud ?
R : Oui, dans le même vol, on peut être au-dessus des champs de lavande et une ou deux heures plus tard survoler des sommets à plus de 3000m. C'est une région magnifique, très vaste et variée avec les moyennes montagnes à l'ouest et au sud et les hautes montagnes à l'est et au nord.

Q : Revenons à 2012. Quels étaient tes objectifs ?
R : Je me suis rendu très disponible pour voler cette année, essayer de faire de bonnes performances et profiter à fond des bonnes journées. Mais j'en ai quand même raté quelques unes... Avec ma nouvelle aile, j'ai mis toutes les chances de mon côté. L'ATOS VR est vraiment très performante, c'est la meilleure aile rigide que je n'ai jamais eue. J'ai fait plus de 50 vols dont 41 vols déclarés et 38 en circuit bouclé, au départ de Laragne Chabre ou de Saint-André. Comme toujours, j'ai fait tous mes vols en solo car je vole sans radio et jamais avec un autre pilote. Je veux être le seul à assumer toutes les décisions de vol, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Ca donne beaucoup de confiance et d'autonomie. Je me sens incapable de suivre quelqu'un et de laisser les autres pilotes décider pour moi. J'adore être responsable de moi-même : du choix du lieu, du jour, du moment du décollage et des décisions en vol. En général, avant le décollage, j'ai une petite idée de ce que je veux faire comme circuit, mais c'est la liberté à l'état pur : je crée mon circuit au fur et à mesure en fonction de la météo. J'ai ainsi le moins de contraintes possibles et j'optimise les possibilités de rester en l'air en évitant les mauvaises zones. Ce n'est pas du tout le cas en compétition où la balise, qu'elle soit ou non dans une bonne zone, doit être atteinte.

Q : Tu es quelqu'un de très sportif, est-ce que c'est un plus ?
R : J'en suis convaincu. J'ai pratiqué le cyclisme longue distance
. Dans ce type d'épreuves, il faut être très déterminé et avoir un mental fort ainsi qu'un bon niveau physique et une capacité d'endurance. J'y vois plusieurs points communs avec ma pratique actuelle du delta. Toutes ces qualités m'aident également à faire de longs vols. Je suis capable de faire des vols de plus de 8 heures mais après j'ai besoin d'au moins un jour de récupération, autant physique que mentale.

Q : Est-ce que tu dirais que c'est un sport à risque ?
R : Un bon pilote doit savoir reconnaître la peur, c'est sa sécurité. Je suis quelqu'un qui analyse énormément les conditions météo en vol, j'observe beaucoup et je suis capable d'anticiper. Quand on vole en montagne, le risque c'est de devoir se poser d'urgence et de ne pas trouver de terrain. En compétition, il arrive que les moins bon pilotes essaient de suivre les meilleurs, et ils se retrouvent dans une situation où ils sont au-delà de leur propre niveau de maîtrise. Par exemple, à la fin des années 80, j'ai participé à Fiesch (en Suisse) aux championnats pré-mondiaux et j'ai abandonné après 3 jours parce que j'avais trop peur des conditions très turbulentes dans lesquelles la compétition se déroulait. A la fin, il y a eu pas mal de pilotes à l'hôpital. Je prends des décisions calculées selon mon niveau d'expérience, c'est un jugement très personnel.


Commentaires

  1. Hi Mark,

    great flying season in 2012 for you, congratulatio to your title, I hope you are doing well, wish you a happy new year, & ... a lot of very nice flights

    cheers
    Richard Claus

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