DFU : la difficile conquête

Archive DFU 2011 (Sidonie)
Pour ma 5ème participation au Défi des Fondus de l'Ubaye, j'avais à nouveau placé la barre très haute et je suis partie le coeur léger vers Barcelonnette vendredi soir avec la ferme intention "promis juré" de grimper les 7 cols en étoile qui constituent ce défi : Vars (2108), Sainte-Anne (1830), Bonette (2802), Cayolle (2326), Allos (2247), Saint Jean (1333) et Pontis (1301), soit 309 km et 6850 m de dénivelé.
Les 7 cols en étoile (source DFU)
Les amis
Participer au DFU, c'est comme venir voir des amis : Claude Véran, sa femme et leur fille Cécile qui, avec une trentaine de bénévoles, sont aux commandes de cette épreuve aux 10 bougies. Mathieu Lunel présent pour la 8ème fois et qui roule de plus en plus vite, Catherine Neel toujours mesurée dans son effort et souriante, une grosse délégation du club du CCK (30 membres sur place cette année) dont je connais Pascal Bride qui fera une fois de plus une très belle performance, Gilles Poucet Esselin, l'homme multiactif, qui emmène dans son sillage un groupe jusqu'au "Graal des 7", Estelle qui s'est testée l'an dernier (5) et aura atteint son but (7) cette année, et Michel Aubriot dont le DFU s'est achevé par terre, mais cela aurait pu se finir plus mal pour lui ... Isabelle Barthe-Franquin est là aussi, elle s'améliore d'année en année et a encore prouvé sa très grande forme, Denis Tissinier qui affronte l'épreuve très philosophe et très souriant... et tant d'autres dont je connais les visages pour les avoir croisés sur une course ou une autre et tous les nouveaux : nous étions 205 sur les grands parcours, et 50 sur la Bonette simple ! Un record !
Photo Michel Aubriot
Mon DFU
Quelques faits et chiffres pour décrire cette journée pas comme les autres : 
Départ à 5h40, nous sommes 200 dans les rues de Barcelonnette et Claude fait chauffer l'ambiance au mégaphone. Il nous rappelle avant de partir que nous roulons pour "donner du souffle à ceux qui n'en n'ont pas" et que cette épreuve est dédiée à la lutte contre la mucovicidose.
Nous roulons en groupe jusqu'au pied de Vars, 20 km en plusieurs pelotons : je me laisse tirer et j'en profite pour bavarder.  Dans la montée de Vars, je me sens bien, le jour est levé et en nous élevant nous entrons dans le soleil, c'est magique ! A 7h30 j'arrive au col, je redescends sans tarder et je lâche tout dans la descente. 
Remontée immédiate vers la station de ski de Sainte-Anne (qui remplace dans le défi le col de Larche, définitivement fermé aux vélos ?). C'est l'une des pires routes que j'ai grimpées et descendues en vélo : non seulement c'est très raide mais revêtu d'une couche fraîche de gros gravier qui rend la descente très dangereuse.
Je profite du copieux ravitaillement de Jausiers avant de m'engager dans les 24 km d'ascension de la Bonette dont la route est privatisée pour l'occasion : les voitures et motos sont stoppées de 7h30 à 12h30 jusqu'au col. Je partage la première partie de la montée avec un opéré du coeur qui me communique son enthousiasme sur les fantastiques ressources du corps humain, et à partir de 2000 m je m'isole dans ma bulle car il faut rester concentré : je commence à me dire que la route va être très très longue jusqu'aux 7 cols.
Je n'ai pas beaucoup de force dans les jambes et je lis sur mon compteur, au pire de la montée, 4,9 km/h : c'est grave docteur ? En tout cas c'est très mauvais pour le moral qui en prend en sacré coup. Je m'accroche et je pointe vers midi au sommet de la cime de la Bonette, plus haute route d'Europe, 2802 m. Il ne fait pas froid là haut, mais déjà pas mal de vent.
Avec Estelle, photo Gilles Esselin
 A Jausiers, je m'arrête quelques instants pour téléphoner à Mark : il me rejoint en vélo par les chemins de traverse et il est déjà en route. Super !
Barcelonnette à nouveau, ravitaillement dans ma voiture et à Uvernet-Fours, et  c'est parti pour les 27 km d'ascension de la Cayolle. Le vent est fort mais il atténue la sensation de chaleur et, gros avantage, il éloigne les mouches qui sont nombreuses en ces périodes de transhumance et qui se collent à moi, toute transpirante.  Je monte régulièrement mais à une allure désespérément faible : je dépasse rarement 8 km/h, donc je prends mon mal en patience. Je pointe au sommet à 16h et suis déjà en retard de 45mn sur mon planning inspiré de celui de l'an dernier. Dans les descentes je fais ma bombe, mais dans les montées je fais mon boulet...
Pause au ravitaillement d'Uvernet-Fours. Je bavarde longuement avec d'autres cyclistes : deux Parisiens qui sont très peu habitués aux cols, l'un deux m'avoue qu'il n'a jamais vu son compteur afficher une vitesse à 1 chiffre... Un autre cycliste Parisien avec qui je parle longuement du 1001 Miglia sur lequel il s'est inscrit en août prochain.
Je repars pour le 5ème col, celui d'Allos. Plusieurs arrêts ponctuent ma laborieuse progression : d'abord les moutons qui descendent (d'où viennent-ils? normalement les troupeaux montent vers les alpages en été...). C'est un énorme troupeau qui prend toute la route et s'étend sur 100 m, nous sommes plusieurs cyclistes réfugiés près des barrières de sécurité. D'autres arrêts me seront encore nécessaires pour achever cette grimpée : j'ai des crampes dans un pied (bizarre...), j'ai les pieds qui brûlent, j'ai mal aux bras... enfin bref, le cortège de petits bobos qui sapent le moral ! Au sommet, dans le vent fort, je pointe à 19h15. Dans la descente, les mêmes moutons sont toujours là et l'obstacle est plus compliqué à franchir. Les deux Parisiens trouvent ça très exotique !
Retour à Barcelonnette dans la tiédeur du soir. Je rejoins Mark à la voiture et nous pique-niquons dans un parc avant de rejoindre la salle du marché où je pointe à 20h30.
Si j'avais continué sur les 2 derniers cols qui représentent un circuit de 100 km, il m'aurait fallu au moins 6h de plus. Vu la vitesse de ma progression, cela aurait été une longue descente vers l'enfer. Je n'ai pas eu le courage de me lancer et j'ai préféré rester dans cet état encore assez proche du plaisir... La forme n'était pas au rendez-vous. Il faut croire que mes 3500 km de vélo annuels n'ont pas suffit pour me préparer correctement à ce défi : c'est difficile d'être bon dans plusieurs sports à la fois !

Total : 209 km pour 5380 m de D+

Commentaires

  1. Quel beau parcours, j'ai eu idée de venir et puis différentes choses m'ont fait changer d'avis ! Mais ce n'est pas pour ça que je n'irai pas une autre fois.
    Je trouve très bien que tu n'aies pas entamé "une longue descente aux enfers". C'est bien mieux de finir "bien" quelque chose d'un peu moins long.
    Bravo à toi, pour ton parcours comme pour ton choix.
    Pas plus tard qu'hier j'ai fais le choix d'un parcours de 160 km au lieu de 230 à cause de la chaleur.
    Pour la vitesse ...parfois elle connait des variations très importantes... J'étudie les affichages du compteur comme un entomologiste étudierait un insecte ;-) Cela m'occupe. La variation est maximale dans les pentes faibles : pour les pentes à 5%, il m'arrive de les grimper à 9 km/h par grosse chaleur, et à 15 km/h les jours où je suis supersonique :-) Bizarre !
    Pour le 4,9 km/h ça ne m'arrive JAMAIS (car mon compteur n'affiche pas les 10 eeme de km LOL)

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  2. Hello Brigitte, c'est marrant que tu parles de supersonique : au col d'Allos, la personne en charge du contrôle m'a dit "Bonjour Madame Aircraft". Je lui ai répondu : "Hélas aujourd'hui je ne suis pas supersonique !" ;-) Au plaisir de te voir sur une randonnée ou une autre !

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  3. Bonjour Anne, félicitations pour les 5 cols. Et merci pour les encouragements. Nous nous sommes régulièrement croisés dans la journée. Tu nous a souhaité bon courage quand nous sommes repartis avec mes 2 collègues pour aller chercher les 2 derniers cols.
    Le vent ne nous a pas simplifié la tâche dans la Cayolle et Allos, même s'il nous a évité la grosse chaleur...
    Je découvrais le DFU, même si je connaissais déjà les cols. Le final pour revenir sur Barcelonnette est vraiment usant, ça a été un calvaire pour moi.

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  4. Un grand bravo à toi Saturnin et à tes collègues en rouge ! C'est formidable d'avoir trouvé les ressources pour ces derniers 100 km... qui représentent un sacré morceau !

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  5. bonjour Anne,j'ai lu ton récit avec attention d'autant que je suis un des deux parisiens que tu trouvais " frais comme des gardons"! Merci a toi pour ce petit mensonge.. et au plaisir de te recroiser sur les routes.. amitiés cyclistes . lionel

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    1. Bonjour à vous deux ! Avec si peu d'habitude des grands cols, c'était pas gagné, un grand bravo !

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  6. Hello Anne! Yes, pas facile d'exceller sur tous les terrains. Mais beaucoup tiennent pour impossible la perf que tu as pu réaliser pour ce DFU ! Les DFUs passent, ne se ressemblent pas tous, mais ta passion pour cette épreuve à part reste intacte ! C'est tout ce qui importe, non ?! Bises à tous les 2.

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    1. D'accord avec toi Patricia, mais je constate que depuis que le parcours est inversé, il faut être très fort pour s'engager dans les 2 derniers : la boucle fait 100 km et ce ne sont pas des cols majeurs ... On peut dire que les Grands Maîtres d'aujourd'hui ont plus de mérite que ceux d'hier...
      Bises et amitiés à vous deux

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    2. Salut Anne,
      C'est ce que je me disais en lisant ton article : il faut avoir un sacré courage maintenant pour aller chercher les deux derniers cols !
      En tout cas bravo pour ta ténacité et ce n'est pas grave si cette fois cela ne t'a pas permis d'aller jusqu'au bout. Il y a temps de facteurs en jeu...

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    3. Bonjour Jean-Pierre : rien de grave dans tout cela, que du plaisir ! Je suis de près tes aventures sur FB : 1 sommet par jour, quel défi :-)Bravo et admiration !

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  7. Bravo pour tes cinq cols. Pour ma première participation je me suis contenté de 4 et me suis arrété aprés la cayolle. Aujourd'hui je le regrette et me dit qu'Allos aprés tout c'était jouable..... c'est fou comme les cuisses ont peu de mémoire!
    merci de tes commentaires, c'est en lisant ton récit 2011 que je me suis décidé à m'inscrire.
    Al'année prochaine , toi pour 7 cols et moi pour 5.

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    1. Les cuisses ont peu de mémoire, mais le cerveau du sportif n'est pas alimenté pendant l'effort... c'est comme l'estomac, il tourne au ralenti ! Pendant le sport, il ne faudrait pas avoir de décision à prendre ...
      Si tu signais ton message, je saurais à qui je m'adresse ?

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    2. Désolé,je viens de comprendre comment s'identifier. je suis aussi doué en informatique qu'en vélo.....
      je faisais partie des obscurs et sans grade qui ont regardé filé les grands maitres. je me suis contenté des 4 cols qui m'ont permis d'avoir la fierté de devenir un Fondu de l'Ubaye.
      on s'est forcément croisé.
      j'étais le seul représentant de l'Etoile Sportive de Cannes (mailot blanc à bande horizontale rouge)

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    3. Alors Bravo Christian, à l'an prochain :-)

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  8. Hello Anne, content d'avoir retrouvé ton sourire communicatif sur ce DFU 2012 et d'avoir pu échanger quelques impressions d'ultra ...

    Je prefere le DFU dans ce sens, car il permet à la majorité des cyclos de gravir les grands cols (notamment La Bonnette) relativement frais, et avec moins de risques d'orages ... Bon,cette année on a été gaté avec une météo presque idéale.

    Le DFU reste trés difficile, quelque soit le sens ... mais quel plaisir ....

    Je te souhaite toute la réussite possible pour tes prochains grands projets, l'Embruman et la No Finisch Line

    Au plaisir de quelques tours de roue commun ...

    Poucet

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    1. Merci Poucet ! Quant à moi je te redis ce que je te souhaite : réussir la Diagonale des Fous. Avec le mental que tu as, tu vas y arriver ! Tous mes encouragements t'accompagnent !

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  9. Un bonheur d'avoir discuté avec toi à la pause d'Uvernet.
    Au sommet d'Allos, comme mes deux potes Lionel et Sylvain ( les 2 parisiens "frais comme des gardons")ont décidé d'en finir sur ce 5ème col, j'ai eu un doute pour la suite quand Raymond (de l'organisation)m'a proposé de former un groupe pour les deux derniers cols...J'ai accepté.
    On est reparti à 3 de Barcello pour récupérer un 4ème cyclo en route.
    Et finalement la dernière boucle fut très facile même si on est rentré à 01h45 !!!
    Merci encore pour ton blog et tes deniers conseils forts utiles, je pense, pour les 1000 miles.
    Bernard.

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    1. Bernard, félicitations : je ne doutais pas que tu allais faire les 7 : quand on se lance sur le 1001 Miglia, c'est que le mental est fort ... et les jambes aussi ! Je penserai à toi et suivrai ta progression en ligne. Amicalement, Anne

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    2. Bravo Anne Supersonique tu l'es toujours vu tout ce que tu fais, et bravo pour avoir stoppé, le vélo surtout en montagne ça doit être du plaisir pas un calvaire.
      Bonne réussite pour la diagonale des fous, il faut avoir des pieds en super état pour arriver à courir. Avec ma femme nous nous contentons de petites randos.
      Jaky

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    3. Bonjour Bernard, je n'ai pas vu ton nom dans les arrivés au Miglia 2012, j'espère que tu n'as pas eu de problème grave ? Amicalement,Anne

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  10. Bonjour Jaky et merci de tes encouragements. tu as raison,le sport doit rester un plaisir avant tout.
    Petite précision : ce n'est pas moi qui fait la Diagonale des Fous : c'est mon ami Gilles Poucet Esselin...
    Amicalement
    Anne

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